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Emmanuel Mavomo : “Dans le haut niveau, il faut sans cesse repousser ses limites ! »

Son parcours atypique, sa participation à la Summer League en NBA, le développement du basketball sur le continent africain… Emmanuel Mavomo, assistant coach au Paris Basketball mais également sélectionneur de la République Démocratique du Congo, s’est livré pour Sportiw dans un entretien passionnant !

Emmanuel Mavomo Leopards

Bonjour, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?

Bonjour, je m’appelle Emmanuel Mavomo, je suis né à Kinshasa au Congo. J’ai fait mes études et ma reconversion professionnelle en Afrique du Sud pour devenir coach. Là-bas est installé le bureau de la NBA depuis quelques années, et se tenaient des camps « BWB » (Basketball Without Borders) d’où mon choix de m’y rendre pour ma reconversion. Par la suite, je suis parti en Angola, où j’ai fait ma première année professionnelle. Cela a propulsé ma carrière étant donné que nous avons fini Champion d’Afrique. Puis, je suis revenu en France en 2017 où j’ai enchaîné avec Aix-Maurienne, puis Levallois en Nationale 3.  En parallèle , j’ai coaché l’équipe nationale d’Angola que j’ai conduit en Championnat d’Afrique, et à la qualification à la Coupe du Monde 2019. Lors de mon parcours en championnat d’Afrique, j’ai créé des relations avec des autres équipes, notamment le Nigeria.

De fil en aiguilles, ces derniers, m’ont proposé de travailler avec eux pour la préparation des Jeux Olympiques de l’équipe féminine puis par la suite l’équipe masculine également. Puis grâce à mon réseau, j’ai pu découvrir la BAL (Basketball African League) et coaché les Patriots du Rwanda puis le BC Espoir Fukash. Et je suis actuellement assistant au Paris Basketball en Betclic Elite et sélectionneur de la République Démocratique du Congo !

Emmanuel mavomo paris basketball

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler dans le monde du basketball ?

Simplement… la passion ! J’ai commencé à jouer au basket à l’âge de 12 ans, à l’époque de la « Dream Team ». Lié l’utile à l’agréable, travailler dans ce qu’on aime, c’est jamais aller travailler. C’est un cadeau, il faut le prendre comme ça. 

Qu'est ce qui vous pousse à vous investir autant en tant que coach ?

Comme je le disais, la passion principalement. Quand vous êtes dans le sport de haut niveau, vous voulez gagner, repousser vos limites. Je suis originaire du Congo, donc ça fait sens de retourner à mes origines et apporter ma pierre à l’édifice avec l’équipe nationale. Pour finir c’est le développement de joueurs, on a notre part de responsabilité. Je redonne ce que j’ai pris de la part des autres coaches, cultures…

"Travailler dans un domaine que l'on aime, c'est ne jamais aller travailler !"

Quels sont vos objectifs respectifs avec Paris et la sélection de la RDC ?

Avec Paris, cette année nous allons essayer de décrocher les playoffs ou au moins une des 10 premières places du championnat et être dans les 8 premiers du groupe en EuroCup. Au-delà du basket, le club a également l’ambition d’apporter quelque chose de différent dans le basketball français. Un basketball où la dimension divertissement et business est importante : avec comme volonté d’exporter le basketball et de le faire découvrir au plus grand nombre !

Concernant la sélection nationale, je souhaite établir le Congo comme une vraie nation de basketball. Nous avons énormément de potentiel, nous pouvons être un peu mieux classés ! Aujourd’hui nos chances de participer à la prochaine Coupe du Monde se sont amincies, mais nous allons revenir avec un nouveau cycle olympique. Après 2024, l’objectif sera de se qualifier et participer aux Jeux Olympiques ! Sinon, personnellement mon rôle est de développer des joueurs et de gagner des matchs avec eux ! 

RDC Congo equipe basketball BAL

"Mon rôle, c’est de développer des joueurs et de gagner des matchs."

Cet été, vous avez participé à la Summer League NBA, qu'avez-vous pu en ressortir ?

En effet, on était deux entraîneurs français avec TJ Parker à y participer ! Pour moi, c’était un grand honneur, de la fierté et beaucoup d’humilité d’être invité. Lorsque l’on sort de 2 semaines de Summer League, il y a énormément de choses à retenir.

Il y a beaucoup de choses à apprendre du continent américain, et ce n’était « que » la Summer League. On parle beaucoup de l’entertainment en NBA, mais ce n’est pas uniquement ça. C’est un large business model/produit, qui repose sur le basketball. 

Les personnes achètent des places pour l’expérience, l’atmosphère. C’est un spectacle familial en plus d’être un sport… Sans pour autant délaisser les aspects tactiques qui sont pris très au sérieux. On peut voir 12 coaches qui dissèquent des segments offensifs, défensifs, il y a du scouting, de l’analyse, des sciences, plein de choses que nous n’avons pas ! Principalement dû au fait qu’on n’a pas même le budget ici en France. C’est une question de volonté, ce n’est pas impossible de faire cela ici !

Emmanuel Mavomo

Quelles sont les différences avec la France ?

Les choses sont faites différemment aux Etats-Unis. Si on pouvait copier ce qu’ils font, je pense que l’on s’en sortirait pas trop mal ! Tout est X25 là-bas, c’est un autre sport ! Et puis, je pense qu’il y a plus d’opportunités outre-Atlantique qu’ici pour le sport, énormément de personnes vivent de ça, etc… En France, le sport est associatif, aux Etats-Unis, ce sont des usines à gaz ! Techniquement et tactiquement, les athlètes et règles ne sont pas les mêmes en Europe qu’aux Etats-Unis, donc c’est difficilement comparable.

Les européens commencent à tenir tête à aux Etats-Unis, il était temps que ça arrive. Le basket est un sport qui évolue, il faut de la compétition pour que ce soit intéressant. !

Mavomo

Un autre point divergeant entre les États Unis et la France, c’est la culture sportive n'est-ce-pas ?

Oui.. A l’inverse des États Unis, la pratique du sport n’est pas mise en avant dans le programme éducatif national françaisNous n’avons pas de bourses réservées aux sportifs de haut niveau. On nous parle souvent de « centre de formation », cependant, ça reste très limité, il n’y a que 12 jeunes alors qu’aux Etats-Unis c’est 20X plus !

Que vous a apporté votre passage à la "Basketball African League" ?

De la fierté, encore une fois c’est une équipe de la République démocratique du Congo, ça fait du bien de voir que le basketball africain progresse. Faire donc partie de ce processus c’est génial ! Le championnat de la BAL a été crée avec l’idée de développer davantage le basketball africain. Le basketball est un business, profitable pour tout le monde et également un réel outil de développement, et derrière, cela attire des sponsors et fait naître des vocations sur le continent africain. 

BAL 2022 FAP

Quelles sont les raisons de la réussite croissante du basketball africain ?

C’est l’investissement. La NBA a des bureaux depuis plus de 15 ans « Basketball Without Borders ». Il y a des joueurs NBA qui sont passés par tous ces camps comme : Kuminga, Koloko, Embiid.. Aujourd’hui on « récolte » le fruit de l’investissement, c’est vraiment un programme créé depuis longtemps et qui porte ses fruits ! Et ce n’est que le début, c’est uniquement la deuxième saison de la BAL !

Concernant le recrutement, comment le gérez-vous ?

Cela dépend, mais au niveau de l’équipe nationale, je vais suivre les joueurs dont j’ai les noms pendant la saison, puis je vais choisir en fonction des chiffres des vidéos que je vais voir. 

Concernant la NM2, NM3 à l’époque, c’était plutôt à la fin de saison où on regarde qui est disponible sur le marché. Puis, aujourd’hui avec les professionnels, ça dépend des besoins, des budgets, des objectifs… Et cela peut être modifié en cours de saison s’il y a une blessure ou autre.

En tant que coach, comment avez-vous développer votre image ?

J’essaie de me faire des amis, d’apprendre des personnes qui sont en face de moi, et il y a une part de chance, bien évidemment. Je suis un étudiant du jeu, je n’ai pas la science infuse, j’apprends au quotidien !

Merci Emmanuel Mavomo pour cet entretien tres intéressant sur différents sujets !  

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